LES PROBLÉMATIQUES DE SANTÉ DES PERSONNES DE DIVERSITÉ DE GENRE

Rédigé le 30/11/2022
ALAIN LEOBON


QUE SAVONS-NOUS DES PROBLÉMATIQUES DE SANTÉ DES PERSONNES DE DIVERSITÉ DE GENRE.
De façon similaire aux personnes de diversité sexuelle, les personnes de diversité de genre font face à du stress minoritaire (REF-1, REF-2), qui influe sur de multiples aspects de leur santé. Ce modèle suggère que les personnes ayant un statut minoritaire, telles que les minorités sexuelles et de genre, vivent plus de stress chronique en raison du stigma, du préjudice et de la discrimination dont elles font l’expérience au niveau individuel (homophobie et transphobie internalisée), interpersonnel (anticipation du rejet) et structurel (lois discriminatoires). Cependant, la plupart des études pointent vers une santé physique et mentale encore plus dégradée chez les personnes de diversité de genre que chez celles de diversité sexuelle (REF-3, REF-4). 

Comme l’illustrent les résultats de l’étude canadienne Trans PULSE menée auprès de 433 personnes trans en Ontario, 77% des répondant·e·s ont sérieusement considéré le suicide (idéations suicidaires) à au moins un moment dans leur vie alors que 43% ont déjà effectué au moins une tentative de suicide (REF-5). À titre de comparaison, cette prévalence est environ 5 à 7 fois moins élevée dans la population générale pour les idéations suicidaires à vie (Canada : 11,25% ; France : 14,20%), et 8 à 11 fois moins élevée pour les tentatives de suicide à vie (Canada : 3,82% ; France : 4,95%) (REF-6). Pour ce qui est des personnes de diversité sexuelle, les risques d’idéations suicidaires à vie sont 2 fois plus élevées dans cette population que chez les personnes hétérosexuelles, tandis que  les hommes gay et bisexuels présentent un risque 4 fois plus élevé de tentatives de suicide à vie et les femmes lesbiennes et bisexuelles un risque 2 fois plus élevé que les personnes hétérosexuelles (REF-7). Ces résultats alarmants ne font que dépeindre la détresse vécue par les personnes de diversité sexuelle et de genre, en particulier les personnes trans et diverses dans le genre.

Leurs réalités méritent donc d’être approchées avec un regard inclusif afin de développer des interventions individuelles, mais surtout afin d’éclairer les décisions d’un point de vue structurel à leur égard, ce que le Baromètre 2021-22 tente de faire.
 

Références :
REF-1 Meyer IH. Prejudice, social stress, and mental health in lesbian, gay, and bisexual populations: conceptual issues and research evidence. Psychol Bull [Internet]. 2003 Sep;129(5):674–97. Available from: http://doi.apa.org/getdoi.cfm?doi=10.1037/0033-2909.129.5.674
REF-2 Meyer IH. Minority stress and mental health in gay men. J Health Soc Behav. 1995;36(1):38–56. 
REF-3 Léobon A, Dussault É, Canivet C, Dussault È, Otis J. Enjeux de santé des personnes trans : État actuel des connaissances et leur inclusion dans l’édition 2018 du Net Gai Bi Trans Baromètre. 2018.
REF-4 World Professional Association for Transgender Health. Standards of Care for the Health of Transsexual, Transgender, and Gender Nonconforming People (SOC8) [Internet]. 8th versio. 2021. Available from: https://www.wpath.org/soc8
REF-5 Bauer GR, Scheim AI. Transgender people in Ontario, Canada: Statistics from the Trans PULSE Project to Inform Human Rights Policy. Trans PULSE Proj Team [Internet]. 2014;(August):1–8. Available from: http://transpulseproject.ca/.../Trans-PULSE-Statistics...
REF-6 Weissman MM, Bland RC, Canino GJ, Greenwald S, Hwu HG, Joyce PR, et al. Prevalence of suicide ideation and suicide attempts in nine countries. Psychol Med. 1999;29(1):9–17. 
REF-7 King M, Semlyen J, Tai SS, Killaspy H, Osborn D, Popelyuk D, et al. A systematic review of mental disorder, suicide, and deliberate self harm in lesbian, gay and bisexual people. BMC Psychiatry. 2008;8:1–17.

Note :  Vous pouvez communiquer avec le responsable de l'étude au CNRS par courriel : alain.leobon@cnrs.fr et consulter la pièce jointe pour plus lire l'ensemble du dossier.


Gender_diversity_CNRS-ESO