La maladie de la mort, selon Marguerite Duras

Postée le 09/09/2021

Écrit plusieurs années avant l’apparition du Sida, « La maladie de la mort » fut source d’un grand malentendu (1) lors de sa parution en 1982 entre Marguerite Duras et ses lecteurs homosexuels : qui n'aurait interprété ce texte comme une vision prémonitoire ou métaphorique de la pandémie qui s'installait et allait défaire une communauté ?
De plus, Marguerite Duras semble condamner une sexualité masculine « homocentrée » qui séparerait de toute altérité celui qui la rend exclusive, dans un mouvement de séparation des corps tout aussi douloureux que désiré.
Ce montage vidéographique s'appuie sur l’extrait d'entretiens donné, par l'auteur au tout début des années 80 (2). Elle y aborde un projet de mise en scène théâtrale de LA MALADIE DE LA MORT (3), ouvrage qui s'inspire de sa relation amoureuse sans issue avec un jeune homosexuel Yann Andréa (4) qui l'accompagnera jusqu’à la fin de sa vie.
Sujet difficile, nous avons hésité à réaliser ce ce vidéoclip où M. Duras lit et interprète un extrait de la MALADIE DE LA MORT, avec, en arrière-plan une des plus belles scènes se son film INDIA SONG (5) (1975). L'énoncé de l'auteure est rythmé et soutenu par le Concerto pour violon et orchestre « DISTANT LIGHT » de Peteris Vasks, superbement interprété (6).

(1) La relation de Duras avec l’homosexualité est complexe et développée dans le texte* suivant de Laurent Camerini (UMR THALIM, 7192 du CNRS) : La relation de Duras avec l’homosexualité est complexe et développée dans le texte* suivant de Laurent Camerini (UMR THALIM, 7192 du CNRS) : http://www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org/rcffc/article/view/fx12.14/1020
(2) Trois longs entretiens nommés « au-delà des pages » enregistrés en 1988 et proposés par Luce Perrot.
(3) La maladie de la Mort, 1982, Les éditions de minuit.
(4) Yann Andréa tiendra une une place essentielle dans la production littéraire post années 80 de Marguerite Duras. Citons Emily L., L’homme Atlantique ou La Maladie de la Mort. Vous pouvez le retrouver dans la filmographie de Gérard Courant, sous le titre « LE FAUX CINÉMATON DE YANN ANDRÉA FILMÉ PAR UNE AUTHENTIQUE MARGUERITE DURAS » disponible à cette adresse : http://www.gerardcourant.com/index.php?f=1019
(5) INDIA SONG suivi de La Couleur des mots http://www.benoitjacob-editions.fr/cataloguevideo.html
(6) Fanny Clamagirand, English Chamber Orchestra, dir. Ken-David Masur (Mirare, 2016)