VARIATION DE LA SANTÉ SEXUELLE ET MENTALE DES RÉPONDANT·E·S SELON LEUR IDENTITÉ DE GENRE.
Rappel : Entre la fin 2020 et mai 2022, le Net LGBTQI+ Baromètre français a permis de réunir les réponses de 3 649 personnes.
Dans l’échantillon, rappelons que 1,9% des participant·e·s s’identifiaient comme hommes trans, 1,7% comme femmes trans, et 9,4% comme non-binaires, agenres, intersexes, genderfluid, en questionnement ou autre, pour un total de 474 personnes (13,0%) qui sont issues de la diversité de genre sur 3 649.
Cette publication présente donc la variation de la santé sexuelle et mentale des participant·e·s selon leur identité de genre.
Comportements sexuels à risque.
Rappelons que les pénétrations anales ou vaginales « régulièrement non protégées par le préservatif » avec des partenaires occasionnels masculins sont déclarées par 46,2% des femmes trans et par 47,7% des personnes non-binaires, alors qu’elles ne sont rapportées que par un tiers (35,0%) des hommes trans. Ces pénétrations non protégées en contexte de « sérodivergence possible » sont cependant déclarées de manière assez uniforme, soit par 28,6% des personnes non-binaires, 22,2% des hommes trans et 20,0% des femmes trans.
Statut sérologique des répondant·e·s.
En ce qui concerne le VIH, si seul·e·s 19,1% ne connaissent pas, à ce jour, leur statut sérologique, les femmes cis sont plus du tiers à l’ignorer (34,9%), alors qu’un peu plus du quart des personnes de diversité de genre sont aussi dans cette configuration (27,9% à 29%). Parmi les femmes trans, 11,8% pensent pouvoir être séropositives au VIH ou ne sont plus certaines d’être séronégatives, alors que ce n’est le cas d’aucune femme cis.
Dépistage du VIH et des IST.
Parmi les répondant·e·s de diversité de genre ayant passé un test de dépistage, aucun homme trans ne déclare être porteur du VIH alors que les femmes trans sont 4,9 % à vivre avec le VIH.
Les personnes non-binaires sont tout autant porteuses du VHC que les hommes cis (4,2% vs. 4,1%) et sont 13,1% à rapporter avoir contracté au moins une IST dans l’année, proportion qui reste similaire aux hommes cis (15,5%).
PrEP.
Les personnes non-binaires ne sont d’ailleurs que 5,7% à avoir utilisé la PrEP dans leur vie, malgré une éligibilité comparable aux hommes cis à cette dernière, qui sont 16,0% à l’avoir déjà utilisée.
Chemsex.
Une proportion comparable d’hommes cis, trans et de personnes non-binaires (12,5% à 20,2%) estime avoir pratiqué le chemsex (consommation de substances psychoactives en contexte sexuel) dans les 12 derniers mois, tandis qu’aucune femme, cis ou trans, ne l’a pratiqué sur la même période.
Travail du sexe.
Les femmes cis sont d’ailleurs les moins engagées dans le travail du sexe (1,3%) par rapport aux quatre autres groupes (5,7% à 11,5%). Parmi les répondant·e·s engagé·e·s dans le travail du sexe, la majorité des personnes de diversité de genre « recevait compensation » dans ce contexte de relations sexuelles tarifées, même si ce sont les femmes trans (25,0%) qui se trouvent à être plus nombreuses à « proposer une compensation », après les hommes cis (51,4%).
Santé mentale.
Sur le plan des indicateurs en santé mentale, les hommes trans ont un profil préoccupant : 80,0% se sont sentis déprimés dans les 12 derniers mois et 55,7% ont eu des idées suicidaires dans cette même temporalité. On remarque une légère augmentation de ces proportions par rapport au NGB2018 pour la majorité des répondant·e·s, ce qui peut être attribuable au contexte difficile de la pandémie de COVID-19.
Homo et transphobie
Les répondant·e·s de diversité de genre sont plus de deux fois plus nombreux que ne le sont les hommes cis à avoir été injurié·e·s en raison de l’orientation sexuelle dans les 12 derniers mois (40,0% des hommes trans, 41,0% des femmes trans et 31,5% des personnes non-binaires).
Les agressions pour cette même raison sont rapportées deux à trois fois plus fréquemment que chez les hommes cis, soit par 7,1% des hommes trans, 4,9% des femmes trans et 5,2% des personnes non-binaires.
+++ Pour aller plus avant…
Ces résultats préliminaires démontrent l'intérêt et le potentiel de l'édition française 2021-22 du Baromètre, et permettent d'envisager des co-publications avec d'autres chercheurs travaillant sur les altérités de genre. L'intérêt de notre étude est en effet d'acquérir, de produire, de transférer puis de partager des connaissances vers et avec les communautés, pour e nos savoirs.
Note : Vous pouvez communiquer avec le responsable de l'étude au CNRS par courriel : alain.leobon@cnrs.fr et consulter la pièce jointe pour plus lire l'ensemble du dossier.